Plasticité cérébrale : le cerveau, c’est fantastique

Le reportage du jour
L’étude de certaines pathologies cérébrales permettent d’y voir plus clair dans les mécanismes de neuroplasticité. C’est le cas de l’amyotrophie spinale, qui est une maladie génétique rare qui se traduit par une dégénérescence progressive des motoneurones. Ce sont des neurones qui assurent la transmission des influx nerveux aux muscles, via la moelle épinière. Dans une étude menée entre l’ICM et le département de neurologie de la Pitié-Salpêtrière (publiée en novembre 2018 dans la revue Neuroimage Clinical), le Dr Jean-François Pradat et son équipe ont mis en évidence un phénomène de compensation chez des patients atteints, avec une augmentation de la densité de neurones dans des régions liées à la motricité, et même dans des régions liée aux raisonnements, aux jugements, et à la créativité. Par Céline Loozen :ÉcouterÉcouter LA_METHODE_SCIENTIFIQUE – Reportage – Neuroplasticité dans l’amyotrophie spinale6 MINLA_METHODE_SCIENTIFIQUE – Reportage – Neuroplasticité dans l’amyotrophie spinale
Les repères
- La neuroplasticité – ou plasticité neuronale – peut se définir comme l’ensemble des manifestations traduisant la capacité des neurones à se modifier et se remodeler tout au long de la vie. Tous ces mécanismes contribuent à une adaptation des neurones à un environnement moléculaire, cellulaire et fonctionnel extrêmement changeant et par voie de conséquence à des modifications fonctionnelles.
- Ainsi, chaque seconde, notre cerveau se modifie en fonction des expériences affectives, psychique, cognitives que nous vivons. C’est un processus physiologique d’adaptation du système soumis à l’influence de facteurs environnementaux, génétiques ou épigénétiques.
- Au-delà de cette plasticité neuronale et synaptique, le cerveau est également capable de neurogenèse tout au long de la vie. Deux zones sont concernées : le gyrus denté de l’hippocampe, une zone impliquée dans la mémoire qui produit environ 700 neurones par jour, et la zone sous-ventriculaire. La neurogenèse adulte est un processus fortement sensible au vieillissement qui peut être relié à l’apparition de maladies neurodégénératives. Au niveau de l’hippocampe, elle joue un rôle dans les processus d’apprentissage et de mémoire (discrimination fine entre 2 situations proches, mémoire spatiale, de travail, de peur, et même épisodique). Quant à la neurogenèse adulte olfactive, elle joue un rôle dans les apprentissages olfactifs (apprentissage perceptifs, mémorisation de nouvelles odeurs, représentation olfactive, discrimination fine entre différentes odeurs proches).
- Toutes ces plasticités peuvent être mises en œuvre lors de processus pathologiques en réponse à une lésion ou à un processus lésionnel, et comporte par nécessité une réorganisation des interactions neuronales afin de préserver au mieux les capacités fonctionnelles du système.
Liens
[Thread] Retrouvez aussi les sources de cette émission sur le fil Twitter de La Méthode scientifique.
- Comment le cerveau réagit-il lors de la perte d’un membre ? (Trust My Science, novembre 2019)
- L’ocytocine et la “plasticité sociale” (Mediapart, mai 2019)
- Des mécanismes de plasticité cérébrale inédits dans une pathologie neurodégénérative (ICM, févirer 2019)
- Dévoiler les dynamiques de la plasticité cérébrale (ICM, janvier 2019)
- Le cerveau adulte produit-il vraiment des neurones ? (Le Monde, 2018)
- La plasticité est l’essence du cerveau (Pour la Science, 2017)
- La plasticité cérébrale au cœur de l’apprentissage (Mediapart, 2017)
- L’étonnante plasticité du cerveau adolescent (Pour la Science, 2015)
- Les enfants apprennent-ils plus facilement les langues ? (Pour la Science, 2013)